Londres et Paris se rapprochent alors que les menaces se profilent

Les écrivains ou les présentateurs qui ont besoin d'un titre accrocheur déploient souvent la phrase de "A Tale of Two Cities" de Charles Dickens selon laquelle "c'était le meilleur des temps, c'était le pire des temps". La phrase en question compare Londres et Paris, à l'époque de la Révolution française.

Après avoir passé jeudi à donner une conférence sur "La Guerre par d'autres moyens" à un groupe d'économistes français puis vendredi à Londres au déjeuner de l'estimable Pi Capital (Ian Bremmer a présenté ses "risques pour l'année à venir"), j'ai pu On ne peut s'empêcher de penser aux "Deux Cités" et à tout ce que leur histoire a à nous dire sur le développement des économies, le pouvoir et l'état du monde aujourd'hui.

Ce sont les deux villes les plus extraordinaires du monde, et aucune ville moderne, ni je m'attends à ce que Pékin (pendant très longtemps la ville la plus peuplée du monde - Rome a le record ici) ne correspondra à leur couleur.

J'ai vécu à Londres et à Paris pendant près de la moitié de ma vie, donc une tentative complète et digne de les comparer et de les contraster pourrait prendre très longtemps. Le Guide O'Sullivan des Pubs de The City et Paris Centre (sponsorisé par Eurostar) devra attendre.

Stéréotypes

Ce qui est intéressant aujourd'hui, c'est comment chaque ville confirme le stéréotype de l'autre – Londres plutôt que Paris est en proie aux grèves et conflits du travail, alternativement je trouve Paris plus élitiste que Londres et provocateur, je trouve les Parisien(ne)s plus polis que les Londoniens. Il y a certains éléments de la culture britannique qui me manquent, notamment le talent artistique des titres de journaux. "Sex at No. 10 Covid Party" est l'une de ces bannières qui a salué mon arrivée à Londres,

Il y a un certain nombre de points sérieux dans la comparaison des deux villes - notamment dans le contexte du reste de la citation de Dickens selon laquelle 'c'était l'âge de la sagesse, c'était l'âge de la folie, c'était l'époque de la croyance, c'était l'époque de l'incrédulité, c'était la saison de la Lumière, c'était la saison des Ténèbres, c'était le printemps de l'espoir, c'était C'était l'hiver du désespoir' qui soulignait les dangers de la période post-révolutionnaire.

L'incertitude causée par la Révolution française, et sur laquelle Dickens a écrit, pourrait bien être liée au Brexit. Nous sommes à un moment de l'histoire où, à mesure que l'ancien ordre mené par la mondialisation se dissipe, la montée et la chute des pays vont s'accélérer. Par exemple, la Russie, l'Estonie et la Pologne ont toutes fait des choix forts cette année, et en récolteront les conséquences - de manière géopolitique positive pour la Pologne, l'Estonie, et très probablement de manière catastrophique pour la Russie qui pourrait voir la désintégration de son arrière-pays géopolitique et potentiellement le pays devienne un acteur renégat au niveau international.

Le Brexit n'est pas aussi mauvais, mais sa folie est mise à nu chaque jour. L'investissement, en particulier dans les infrastructures sociales et les biens publics, s'est effondré au cours des dix dernières années, tandis que la productivité est anémique. En France, la productivité est saine, mais la France atteint les limites de sa puissance budgétaire et financière. Ainsi, un peu à la différence des conséquences des guerres napoléoniennes, qui ont stimulé l'innovation économique (en Angleterre), le Royaume-Uni et la France doivent repenser tout ce qu'ils ont fait au cours des quarante dernières années.

Le Royaume-Uni doit suivre le modèle français - des dépenses plus importantes et meilleures pour l'éducation, la santé (et une approche moins politisée du fonctionnement des soins de santé et de la police), et peut-être aussi pour l'armée. L'assiette fiscale du Royaume-Uni doit s'élargir et l'impôt sur les sociétés doit sans doute augmenter.

Voisins

La France, en revanche, doit regarder ce que font bien ses voisins. Le lourd fardeau de l'administration doit être supprimé – pour aider les entreprises et réduire le fossé entre l'État et « le peuple ». Etant donné que la France est à la limite de son potentiel budgétaire, elle a deux choix (qui ne s'excluent pas mutuellement) : la crise politique ou l'innovation. La privatisation de masse est un échec, mais l'économie numérique en France offre les moyens d'utiliser les capitaux et l'expertise privés pour améliorer les services publics.

Enfin, point crucial, la «vraie» histoire des deux villes est de savoir à quel point elles se sont éloignées politiquement pendant les années Johnson. Le Brexit et l'ère post-Merkel en Allemagne ont fait de la France le pays incontournable en Europe, mais avec la singularité américaine et la sauvagerie russe en hausse, elle doit se rapprocher politiquement du Royaume-Uni (nonobstant AUKUS) sur les sujets de défense et de sécurité.

Si tel est le cas, cela conviendra à Rishi Sunak, qui, je le soupçonne, suivra une politique étrangère proche de l'ancienne politique turque de « pas de problèmes avec les voisins ». Il y a déjà des signes bienvenus d'un changement de cap dans les discussions autour de la relation commerciale post-Brexit de l'Irlande du Nord. Il est de plus en plus urgent de résoudre ce problème avant le 25th anniversaire de l'Accord du Vendredi saint en avril.

À juste titre, il vient d'être annoncé qu'Emmanuel Macron et Rishi Sunak tiendront le 10 mars le premier sommet France-Royaume-Uni en cinq ans, et que le roi Charles III devrait traverser la Manche fin mars.

Enfin, l'harmonie peut régner entre les deux plus grandes villes du monde.

Source : https://www.forbes.com/sites/mikeosullivan/2023/01/14/london-and-paris-edge-closer-as-threats-loom/