La prochaine étape pour les migrants de la frontière sud de l'Amérique est-elle le Canada ?

À en juger par le discours sur l'état de l'Union du président Joe Biden, sinon par ce qui s'est passé à la Chambre avec la prise de pouvoir par les républicains, il y a un chemin semé d'embûches devant le Congrès pour les prochaines années. L'espoir d'une réforme de l'immigration est faible parce que la Chambre a été effectivement détournée par une minorité intolérante, têtue et sectaire de soi-disant républicains Make America Great Again (MAGA) qui sont des négationnistes électoraux et largement redevables à l'ancien président Donald Trump. Compromis et raison sont deux mots difficiles à trouver dans leur vocabulaire. Cela a des implications considérables pour l'Amérique, mais encore plus pour les voisins américains comme le Canada et le Mexique. Le problème de la frontière sud n'est que trop connu car les nouvelles y circulent quotidiennement. Mais maintenant, le problème de l'immigration américaine semble déborder sur le Canada avec des conséquences importantes possibles pour ce voisin.

Le point sensible du Canada

Le point sensible est le poste frontière sur Roxham Road, où l'État de New York borde la province francophone du Québec. Ce qui est en jeu à l'heure actuelle est un problème d'immigration assez gérable concernant les migrants non officiels. Cependant, alors que le Québec est aux prises avec l'afflux de non-citoyens en provenance des États-Unis, cela pourrait se transformer en un problème canadien plus vaste touchant à l'unité nationale. Dans le passé, à mesure que ces passages irréguliers augmentaient, les politiciens canadiens se demandaient qui devait faire quoi pour enrayer ce problème et accueillir les nouveaux arrivants en utilisant des expressions polies telles que « passages irréguliers » et « immigrants sans papiers » jusqu'à ce que le problème disparaisse. Heureusement pour eux, le problème des frontières s'est éteint en grande partie à cause de la pandémie.

Nouveautés au Canada Différent

Ce nouvel afflux d'arrivées est cependant différent. D'une part, les migrants sont transportés par bus jusqu'à la frontière par des responsables américains. Ils en savent suffisamment sur le droit de l'immigration pour éviter les points d'entrée réguliers à la frontière canadienne où ils seraient pratiquement tous refoulés et à la place, ils entrent au Canada via des points de passage frontaliers non officiels comme Roxham Road. De tels passages contournent Tiers pays sûr les dispositions des traités exigeant que la plupart de ces migrants demandent d'abord le statut de réfugié aux États-Unis. Si le problème s'aggrave et si le Congrès est bloqué et ne peut pas mettre en œuvre des réformes plus larges de l'immigration, ces migrants au Canada pourraient faire partie d'un débat sur l'unité nationale dans ce pays, car le Québec devra de plus en plus pousser Ottawa à essayer de sceller la frontière à Roxham et à s'arranger avec d'autres provinces canadiennes pour y débarquer une partie des nouveaux arrivants.

Le Québec contrairement au reste du Canada

Le problème est compliqué parce que, contrairement aux autres provinces, le Québec gère son propre programme d'immigration, à l'exception que les approbations finales des immigrants québécois en matière de santé et de sécurité se font à Ottawa. Dans la plupart des cas, il n'y a pas eu de problèmes avec cette configuration. Cependant, du moins dans le cas de l'ancien programme d'immigration des investisseurs du Québec, les approbations finales fédérales ont retardé l'arrivée des immigrants investisseurs approuvés par le Québec pendant plusieurs années. C'était une pomme de discorde entre les deux juridictions. Les tensions entre Ottawa et Québec pourraient maintenant devenir plus tendues par ce nouveau développement impliquant ces migrants s'il gonfle hors de proportion.

La vision historique du Canada remise en question

Que ce soit en transportant des non-citoyens par autobus jusqu'au Québec, ou tout simplement en n'aidant pas le Canada à combler la lacune de l'accord sur les tiers pays sûrs pour permettre le retour de ces migrants aux États-Unis, ces lacunes américaines sont des problèmes pour le Canada. L'arrivée de ces migrants au Québec heurte directement la priorité absolue en matière d'immigration, soit une immigration 100 % « francophone ou francotrope ». Cela signifie que la province de Québec, où près de 9 millions de personnes sont francophones, veut renforcer sa présence française et repousser la menace d'assimilation de sa population francophone à la mer anglophone entourant la province dans le Nord Amérique. En termes simples, un flux d'immigrants autosélectifs et effrénés en provenance du Sud ne correspond pas à la nouvelle vision du Québec pour lui-même. De plus, l'afflux effréné de ces migrants entre en conflit avec une conception centrale particulièrement privilégiée au Canada-français d'un partenariat anglais-français qui constituait initialement la base historique de la confédération canadienne.

Les problèmes de l'Amérique progressent vers le nord

Il ressort de rapports plus récents que le maire de New York, Eric Adams, a renoncé à aider les migrants en leur fournissant des billets de bus pour voyager vers le nord jusqu'à la frontière. Et il semblerait que le Canada et les États-Unis envisagent de modifier l'entente sur les tiers pays sûrs et qu'une telle entente n'aura pas besoin de l'approbation du Congrès. Il se peut que le problème puisse être résolu par de telles mesures et par la coopération avec l'administration Biden. Cependant, l'augmentation du trafic à la frontière sud des États-Unis et l'incapacité du Congrès à proposer une solution d'immigration plus complète pour l'Amérique pourraient très bien se retrouver au Canada avec les implications susmentionnées là-bas.

Source : https://www.forbes.com/sites/andyjsemotiuk/2023/02/08/is-the-next-stop-for-migrants-over-americas-southern-border-canada/