L'Allemagne demande la création d'un tribunal pour le crime d'agression de Poutine

Le 16 janvier 2023, la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock appelé pour la création d'un tribunal spécial chargé de poursuivre les dirigeants russes pour agression à La Haye. Baerbock, ministre des Affaires étrangères souligné la nécessité d'envoyer « un message très clair aux dirigeants russes (…) et donc aussi à tout le monde dans le monde qu'une guerre d'agression dans ce monde ne restera pas impunie ». Le ministre des Affaires étrangères Baerbock a en outre appelé à déterminer si les crimes de la Russie constituaient un génocide. Cette déclaration fait suite à l'annonce par la France, en décembre 2023, que la lutte contre le crime d'agression est une priorité. Dans la déclaration, la France "soutient également pleinement le système judiciaire ukrainien et la Cour pénale internationale, qui sont tous deux compétents pour mener des enquêtes impartiales et indépendantes visant à garantir la responsabilité des responsables de ces crimes". Alors que le soutien au tribunal pour crime d'agression augmente, la pression sur les États-Unis et le Royaume-Uni pour qu'ils définissent leur position sur la question augmente également.

Dans sa déclaration, la ministre des Affaires étrangères Baerbock a appelé à une réforme du droit pénal international pour remédier à la faille qui empêche la Cour pénale internationale (CPI) de poursuivre le crime de mener une guerre d'agression. Dans l'état actuel des choses, cette lacune signifie que la CPI ne peut pas s'engager en relation avec le crime d'agression de la Russie.

Si la CPI est habilitée à enquêter sur tout acte de génocide, crime de guerre et crime contre l'humanité commis sur le territoire ukrainien, elle ne peut exercer sa compétence à l'égard du crime d'agression contre l'Ukraine. C'est que l'acte d'agression est commis par la Russie, un État qui n'est pas partie au Statut de Rome. Une option serait que le Conseil de sécurité de l'ONU renvoie la situation à la CPI. Cependant, une telle tentative aurait été bloquée par la Russie, membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU avec un droit de veto.

Le nouvel appel à une autre voie juridique vient compléter les actions en cours devant la CPI, la Cour internationale de justice et la Cour européenne des droits de l'homme. La proposition est de créer un tribunal spécial, le Tribunal spécial pour la répression du crime d'agression contre l'Ukraine (Tribunal spécial), avec un accent limité sur le crime d'agression, qui n'est pas couvert par les trois autres tribunaux. En tant qu'experts indiquer, « Pour aider à repousser les tentatives odieuses du président Poutine de détruire la paix en Europe, il est temps pour nous de créer un tel tribunal spécial. Ce faisant, nous agissons en solidarité avec l'Ukraine et son peuple, et signalons notre détermination à ce que le crime d'agression ne soit pas toléré, et que nous ne ménagerons aucun effort pour mettre un terme aux terribles événements auxquels nous assistons actuellement, garantissant ainsi que ceux qui ont déclenché de telles horreurs soient soumis à une responsabilité personnelle en vertu du droit pénal, afin que justice puisse être rendue.

Le 16 janvier 2023, un groupe de plus de 100 experts a publié un déclaration appelant à la création du Tribunal spécial. Ils ont expliqué que « le Tribunal spécial devrait être constitué – sur les mêmes principes qui ont guidé les Alliés en 1941 – pour enquêter sur les actes d'agression de la Russie, aidée par la Biélorussie, en Ukraine et déterminer s'ils constituent un crime d'agression. En plus d'enquêter et d'inculper le président Vladimir Poutine, le tribunal pourrait également demander des comptes aux membres du Conseil de sécurité nationale russe, et éventuellement biélorusse, ainsi qu'aux dirigeants politiques et militaires de cette guerre manifestement illégale. (…) Le tribunal s'appuierait sur le droit international qui proscrit l'agression et sur le droit interne de l'Ukraine – qui consacre l'agression comme une infraction pénale.

Alors que de nombreux pays soutiennent cette démarche, les États-Unis et le Royaume-Uni continuent d'hésiter à exprimer leur soutien à l'initiative, préoccupés par le précédent qu'elle pourrait créer. Si cela peut retarder la création du Tribunal spécial, cela ne devrait pas l'empêcher. Le crime d'agression de la Russie doit être traité dès que possible. De plus, un message clair doit être envoyé à tous les autres dictateurs qui pourraient avoir les aspirations de Poutine.

Source : https://www.forbes.com/sites/ewelinaochab/2023/01/22/germany-calls-for-a-tribunal-for-putins-crime-of-aggression/